Biographie

Chef de chŒur et d’orchestre

Le retour en Suisse est plutôt réfrigérant. Malgré de nombreuses démarches, il est éconduit par les programmateurs de plusieurs orchestres suisses. Seuls les chœurs d’hommes de La Sarraz et de Vallorbe, puis du Sentier et Yverdon, s’intéressent à lui. Il habite alors à Lausanne, mais entre-temps son épouse Antoinette Van Stokkum, violoniste, est nommée à l’Orchestre de Berne et le jeune couple s’installe dans les environs de la ville fédérale. Plusieurs groupes d’amateurs s’adressent alors à lui. Parmi eux, l’Orchestre de chambre romand de Berne qui atteindra sous sa baguette un niveau remarquable.

Dans l’enthousiasme général François va frapper un grand coup en organisant un super Requiem de Verdi avec le soutien de l’Orchestre de la Suisse romande et de solistes de renom (prêt d’orchestre Ernest Ansermet). Il dirige de mémoire et obtient une version excellente, qui lui vaudra pendant plusieurs années des engagements du célèbre orchestre. Non seulement avec chœur, mais aussi d’orchestre seul.

D’un autre côté il accumule les chœurs, en fonde de nouveaux et à certaines périodes travaille avec près de 800 chanteuses et chanteurs par semaine. En 1963 Edmond Kaiser lui demande de donner le Messie de Haendel à la Cathédrale de Lausanne. Ce sera le premier concert en faveur de Terre des Hommes, qui sera repris par les choeurs lausannois pendant de longues années (voir la critique de J. Jaccard). Les choristes du Sentier constituant un atout considérable en terre romande, il en profite pour organiser et diriger de nombreux concerts d’oratorio à Genève et à Lausanne. Le plus brillant restera celui de la Première suisse du Gloria de Poulenc avec la vedette de l’opéra de Vienne Rita Streich. L’OSR se rendra aussi à Berne, pour la première fois après trente années, pour y présenter les Béatitudes de César Franck. En « Première Suisse allemande » il présentera aux concerts par abonnement de l’Orchestre Symphonique de Berne « Une Cantate de Noël » de Honegger.

En 1962, entraîné par Berner Männerchor (le chœur d’hommes le plus nombreux du pays avec 150 membres), le Lehrergesangverein devenu Konzertchor Pro Arte Bern, le chœur Bieler Liedertafel/Concordia et la Société chorale de Neuchâtel le choisissent tour à tour comme directeur.

Heinrich Sutermeister – copyright Schott Music, Main

Heinrich Sutermeister – copyright Schott Music, Main

A Bienne, il démontre la force du bilinguisme en faisant chanter ensemble, à certaines occasions, Suisses allemands et Romands. A part les œuvres traditionnelles, quelques productions sortent du lot : Boris Godounov de Moussorgsky, chanté en russe et en concert avec Kim Borg (1969), le Paradis et la Péri de Schumann au Festival de Bratislawia Cantans de Wreclaw, Pologne (1982), La grande Messe en Do min de Mozart et le Gloria de Poulenc avec Barbara Hendricks, Jeanne d’Arc au bûcher de Honegger avec Brigitte Fossey (1999). A Berne, la Cathédrale se prête particulièrement bien aux grandes masses chorales. Avec enthousiasme François Pantillon reprend par exemple la tradition des Bernois de donner tous les 10 ans le grandiose Requiem de Berlioz écrit pour grand orchestre et quatre ensembles de cuivres. Quatre fois il aura l’occasion de remettre sur le métier cette œuvre colossale dont le public, de Genève à Zürich, est si friand. Quand il donne la Missa Solemnis de Beethoven en 1972 avec un quatuor de solistes exceptionnels : Stefania Woytowitz, Marga Höffgen, Ernst Haeffliger et Boris Carmeli, le succès est cité dans la presse suisse. En 1971, des sponsors permettent, à l’occasion du centenaire du chœur (d’aller chanter au Royal Festival Hall de Londres, en collaboration du Royal Philharmonic Orchestra. Au programme la Messe en ut de Beethoven et le Requiem du compositeur suisse Heinrich Sutermeister en « Première anglaise ». The Daily Telegraph dans sa critique écrit: « … and they were conducted by their own excellent director, François Pantillon ».

 

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Env. 1980

 

D’un autre côté l’Agence Pagart de Varsovie propose au chef de venir chaque année, de 1973 à 1989, diriger des concerts symphoniques dans les différentes Philharmonies des principales villes de Pologne.

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Kurt Pahlen

A Milan il est engagé par l’Orchestra Filarmonica Italiana et à Londres par le New Philharmonia. En 1974, lors d’un concert au Casino de Berne le Professeur Kurt Pahlen, directeur du Festival de La Lenk, fait son éloge en disant : « J’ai organisé récemment un congrès international de chanteurs d’oratorio. A l’unanimité les participants ont proclamé François Pantillon un des meilleurs chef de chœurs en Europe pour diriger et faire travailler ensemble chœur et orchestre « .

Heinrich Sutermeister, un des compositeurs suisses les plus connus à la fin du siècle passée, confirme ce jugement et le précise dans les quelques extraits de lettres recueillis par le président Alfons Ruckstuhl. Entre autres: « François Pantillon ist ein Urmusikant, ein Musiker, ein echter Künstler, die in der Schweiz sehr selten geworden sind. – Ich kenne keine andere zur Zeit, die mit Ihrer Tätigkeit und mit ihren Kompositionen solch grossartige musikalische Aussagen machen. François Pantillon ist ein Komponist von nationaler Grösse. »